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Inspiration 01/2015 fr

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Assurés à une corde

Assurés à une corde fixe jusqu’au prochain examen médical : les participants au test dans la montée au camp II (6100 m). LA SCIENCE DANS LA ZONE DE LA MORT Que se passe-t-il exactement quand le corps n’a plus d’oxygène ? Vingt médecins suisses spécialistes des hautes altitudes ont creusé la question. Bächli Bergsport a soutenu une expédition scientifique unique qui a réuni 40 participants au Himlung Himal (7126 mètres), au Népal. EXPERT 34 Camp II – 6100 mètres : déficit respiratoire et mal de tête, je sens à peine mes doigts et mes orteils. Le vent fait vibrer les parois de la tente. Le réchaud vrombit tant qu’il peut, mais la neige pour le thé ne fond que très lentement. Conditions de travail des plus extrêmes. Autant pour moi, en tant que journaliste, que pour les participants et les scientifiques. Dans la tente d’à côté, les médecins tentent de redonner vie à l’ordinateur et aux appareils techniques en les glissant sous leur doudoune. L’idée d’une autre nuit froide, inconfortable et longue, ainsi que la perspective de la montée au camp III à 7000 mètres me le font bien comprendre : l’homme n’a rien à faire dans ces contrées. Malgré tout, de plus en plus d’alpinistes et d’adeptes du trekking s’aventurent à ces altitudes. Et le nombre de malades augmente parallèlement. La pression d’air de l’atmosphère diminue en haute altitude et donc aussi l’oxygène disponible pour le corps. Déjà à 5000 mètres, les poumons ne parviennent à extraire que la moitié de l’énergie d’une inspiration par rapport au bord de la mer. Des maladies telles que le mal aigu des montagnes AMS (symptômes : maux de tête, abattement, étourdissements

DES LARMES AU HIMLUNG et nausées), l’œdème pulmonaire HAPE (symptômes : déficit respiratoire, respiration bruyante, respiration très rapide et chute subite et inexpliquée de la performance) ainsi que l’œdème du cerveau HACE, la plus dangereuse (symptômes : maux de tête aigus, pertes d’équilibre, vomissements et apathie). Celui qui souhaite réduire le risque d’un malaise devrait se tenir aux règles de l’acclimatation : dès 2500 mètres, élever d’au maximum 600 mètres l’emplacement où l’on passe ses nuits. Éviter les gros efforts physiques. Tous les 1200 mètres, intercaler un jour de repos. Le manque d’oxygène est par contre aussi un phénomène assez courant en Europe centrale, à basse altitude : chaque jour, des patients en souffrent et en meurent dans les unités de soins intensifs – soit à cause de graves lésions des poumons, d’infections ou d’attaques cardiaques. Ce qui se passe exactement dans les cellules pendant l’hypoxie aigue est encore mal connu. Les médecins suisses participant à l’expédition au Himlung Himal ont l’ambition de changer la donne. 40 adeptes de l’alpinisme y participent de leur plein gré. Grâce à des milliers d’échantillons de sang provenant de différentes altitudes, d’échographies et de diagrammes de performance, les scientifiques vont exploiter les données, avec pour objectif de comprendre ce qui change dans le cerveau, le sang ou dans les poumons en cas de manque aigu d’oxygène. De plus, ils veulent suivre l’évolution des hormones et trouver des pistes pour soigner les symptômes dangereux pour la vie. À 7000 mètres – des cas pour les soins intensifs Revenons au Himlung. Quelque part sur le chemin pour le camp III. En haut dans les nuages, les scientifiques attendent leurs « objets d’étude ». Ils m’attendent moi. Faut donc continuer : dix pas. Pause. Reprendre mon souffle, attendre. Encore dix pas. Reprendre le souffle. Un regard en arrière me confirme que deux participants ont abandonné – ils ont fait demi tour. Peu En tant que participante au Himlung, Stefanie Ulsamer (37 ans), mathématicienne à Thalwil, a beaucoup appris sur elle-même et sur ses propres limites Pourquoi avez-vous participé au projet sur la médecine de haute altitude ? Je suis une passionnée de sports de montagne. J’ai toujours eu beaucoup de respect pour les expéditions, même si le sommet semblait être le seul critère de succès et que le voyage dans son ensemble était relégué au deuxième plan. Pouvoir participer à un grand projet médical a été ma principale motivation. Comment se sont déroulés les examens médicaux ? Durs mais incroyablement fascinants. Jusqu’à présent je n’avais vu ni mon cœur ni mes poumons en « live » et j’étais tout simplement fascinée de voir ce qui était possible avec les échographies modernes. Bon, faire du vélo à plus de 6000 mètres d’altitude jusqu’à épuisement n’est pas une chose très agréable. Mais là-haut j’étais trop épuisée pour « protester » même intérieurement. Comme beaucoup d’entre vous, vous avez dû faire demi-tour avant le sommet. Après avoir atteint mon objectif personnel – le camp II à 6100 mètres – le sommet me semblait encore réaliste. Mais je voulais me lancer dans l’ascension uniquement si j’avais une chance d’y parvenir par mes propres forces. Le jour J cela n’a pas été le cas. Alors, le cœur lourd et après avoir fait appel à toute ma raison, j’ai dû entamer une descente précoce. J’avoue que quelques larmes ont coulé sur mes joues. Seriez-vous partante pour un nouveau projet du même genre ? Oui, bien sûr ! L’EXPÉDITION HIMLUNG EN CHIFFRES Jamais auparavant un projet de recherche d’une telle envergue n’a été réalisé à si haute altitude. Participants choisis : ............................................ 40 (dont 18 femmes) Alter der Probanden: ........................................................... 26 à 65 ans Coût par membre de l’expédition : ................................... CHF 10 000.- Chercheurs : ..... 20 (Hôpital de l’Île Berne, Hôpital cantonal d’Argovie, Clinique universitaire Leipzig) Responsables de l’expédition et logistique : ........................................ 6 Guides de montagne suisses : .............................................................. 6 Porteurs : ............................................................................................ 22 Cuisiniers (locaux) : .............................................................................. 6 Aide-cuisiniers (locaux) : .................................................................... 20 Sponsors : ........................................................................................... 35 Budget total : .............................................................. env. CHF 1,2 mio Campements : ....... 4 (camp de base 4800 m / camp I 5500 m / camp II 6100 m / camp III 7050 m) Nombre de tentes au total : .............................................................. 200 Poids total de l’équipement : .......................................... env. 25 tonnes Jours de mulets pour le transport au camp de base et retour : .... 3000 Cordes fixes : ..................................................................... 5 kilomètres EXPERT 35

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