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Inspiration 01/2015 fr

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Francesco Parisotto (à

Francesco Parisotto (à gauche) et ses frères ont commencé ment, mais puisque la qualité des chaussures Scarpa a été de plus en modeste- plus recherchée, l’entreprise et le nombre de produits ont grandi. CONTRÔLE DU PARTENAIRE 44 montagne et de trekking, au milieu les sons d’escalade, à gauche les chaussures de chaus- télémark et de ski de randonnée », nous explique Parisotto. L’odeur du cuir et de la colle dominent, les machines à coudre s’agitent, les rayons laser découpent les différentes pièces destinées aux chaussures dans de grandes peaux, tout en veillant à gaspiller le moins possible cette précieuse matière première. De lourdes machines compriment des chaussons d’escalade en prenant appui sur une enclume afin d’assurer une liaison durable entre le cuir et la semelle en caoutchouc. Quelques maisons plus bas dans la rue, dans l’ancien bâtiment de l’entreprise, du Pebax chaud est injecté dans des moules métalliques. Une fois ce plastique durci on obtiendra une coque de chaussure de ski. Un équipier suisse à la hauteur Si aujourd’hui Scarpa est pratiquement devenue synonyme de chaussures de ski de randonnée confortables et de qualité, c’est aussi grâce au fruit du travail d’un Suisse. Romolo Nottaris, maintenant âgé de 68 ans, avait déjà eu une vie bien mouvementée quand il assura, dès 1986, la distribution de la marque – encore très peu connue en Suisse à l’époque. Dans sa jeunesse, il gagna ses premiers sous en tant que contrebandier de cigarettes, plus tard il vécut à Genève en jouant au poker, jusqu’au jour où il découvrit à nouveau l’alpinisme. En tant que guide de montagne et alpiniste professionnel il gravit le Makalu (8485 m) avec des chaussures Scarpa – et comme il l’a fait en hiver, il fallait qu’il soit bigrement convaincu de la qualité de ses chaussures ! Mais lorsque Nottaris arpenta pour la première fois les magasins de sport suisses, les commandes furent si peu nombreuses que son fils Daniele lui demanda : « Papa, comment comptes-tu vivre de ce travail ? » Autrefois, le marché suisse était dominé par Raichle, avec Lowa en nette progression. Chez Heinz et Margrit Bächli, Nottaris a dû également se présenter plusieurs fois avec sa mallette de représentant jusqu’à ce que le couple commande les premières paires au début des années nonante. Un jour, Nottaris a eu une idée géniale pour faire avancer les ventes. C’était le début de la démocratisation du parapente. Il a donc conçu des chaussures spécialement pour. Et puisque les couleurs vives se voient mieux, Nottaris leur donna un design très particulier : « Je me suis rendu chez Scarpa. Ils m’ont pris pour un fou, mais ils ont donné leur accord. Ces chaussures étaient de couleurs très vives – la première, la « Paratrek », était rose pétant, jaune et vert ! » Comme les chaussures aux couleurs de perroquet pour les alpinistes adeptes du parapente se vendaient bien, Scarpa a enfin pu s’implanter sur le marché suisse. « À la suite de ce premier succès, je suis devenu conseiller technique pour Scarpa dans le domaine des sports de montagne et j’ai commencé à travailler directement à Asolo », raconte Romolo. Il aida à créer la légendaire chaussure « Bergell », puis il poursuivit avec d’autres modèles exclusifs pour la Suisse avec des noms bien helvétiques tels que « Weisshorn », « Weissmies » ou « Matterhorn ». En 1993 Nottaris et l’équipe de développeurs ont sorti la « Denali » - la première chaussure de ski de randonnée de Scarpa qui partit

immédiatement à l’assaut du marché. Dans les halles de production, les collaborateurs produisent aujourd’hui presque 30 différents modèles dont le « Alien », à l’allure futuriste et qui ne pèse que 700 grammes. Quand de nouveaux designs, de nouveau matériaux ou de nouvelles formes sont développés à Asolo, Romolo Nottaris est toujours de la partie – un processus de conception itératif pour chaque modèle, qui peut prendre un an et demi à deux ans et ne coûte pas loin du million de francs suisses. Impressionnés par toutes ces innovations et par les machines de haute technologie, nous aurions tendance à oublier ce qui distingue surtout Scarpa, et ceci depuis l’époque de Guinness : les collaborateurs qui cousent manuellement des pièces en cuir, qui collent des languettes en caoutchouc au millimètre près, qui assemblent jusqu’à 120 pièces uniques pour en faire une chaussure. Du travail de précision, fait mille fois par jour puisque maintenant plus de 500’000 paires quittent l’usine chaque année. « Les chaussures de montagne, d’escalade et de ski doivent résister à des sollicitations particulières et cette qualité-là on ne peut pas l’atteindre en produisant les chaussures en Asie, affirme Sandro Parisotto, nous dépendons de l’expérience de nos 180 collaborateurs ici à Asolo. » Et même si des fabriques chinoises arrivaient à atteindre les critères de qualité de Scarpa – Parisotto détient autre chose de très important : le chaussant. Le « presidente » nous montre de grandes corbeilles en fil de fer où l’on trouve de nombreuses pièces en plastique multicolores. Ce sont les formes, les modèles de pieds autour desquels la chaussure est fabriquée. Un secret d’entreprise et le garant du succès que les Italiens ne transféreront jamais volontairement en Asie. Ces formes sont toujours aussi géniales que les anciennes en bois que Parisotto sort d’une caisse. « Bonatti, Walter », peut-on lire sur une paire que le « presidente » a dénichée. « Une fabrication spéciale datant de la fin de sa carrière active, quand Bonatti avait du mal à marcher. Il aurait mieux fait de venir plus tôt chez Scarpa », ironise Parisotto. Le « presidente » souhaite nous présenter personnellement un collaborateur qui a certainement dû un jour s’occuper de la forme de Bonatti. Un homme chauve, très âgé, en blouson bleu – Francesco, 87 ans, le père de Parisotto. « Quand je suis à la maison, ma femme me rend fou » dit-il d’un air malicieux. « Maintenant il vient ici pour nous rendre fous », réplique le junior. C’est en 1956 que Parisotto senior acheta l’entreprise d’Earl Guinness, avec ses frères Luigi et Antonio. Il distribua les premières chaussures sur son vélo, jusqu’à ce que l’argent suffise pour acheter une voiture. Plus tard, il y eut des clients européens et par la suite, même quelques commandes d’outre-mer. Que le nombre de modèles et le nombre de pièces fabriquées puisse croître continuellement sans que la qualité diminue, CONTRÔLE DU PARTENAIRE 45 Scarpa est connue pour son design élégant et son chaussant parfait – mais surtout pour son travail manuel extrêmement précis.

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