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Inspiration 01/2016 fr

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Esquisses de terrain,

Esquisses de terrain, réalisées en pleine nature sur un carton. Sandra Greulich réalise des croquis détaillés au camp Barafu, Kilimandjaro. Rencontre au sommet 20 n’a pas empêché le chien de devenir toujours plus agressif, éveillant la peur de Sandra. Le chien, très excité, s’est mis à aboyer, à gronder et à lui tourner autour. La fuite était la seule option. La bête s’est finalement calmée en bordure du troupeau, laissant la topographe, tremblant de tout son corps, prendre une profonde respiration. L’attrait du travail manuel Sandra Greulich raconte ses aventures dans un doux dialecte de suisse orientale : c’est le domaine spécialisé qui a poussé cette Schaffhousoise à s’installer à Berne. Enfant, elle aimait feuilleter l’atlas de la Suisse. Et lorsque la cartographie a été abordée à l’école, elle a attrapé le virus : « Au verso d’un prospectus, on voyait un homme graver un paysage sur une plaque de verre avec un outil ». Sandra voulait faire comme lui. Elle a été tellement fascinée par cette image qu’elle a appelé et posé la question. Ce coup de téléphone a donné le coup d’envoi à sa carrière : un apprentissage de quatre ans comme topographe chez swisstopo, suivi d’une année au Népal dans une petite agence de cartographie, puis de quatre ans de travail indépendant pour une petite entreprise à Frauenfeld. Elle est ensuite retournée chez swisstopo à Wabern, le premier employeur suisse en matière de cartographie. « Le travail variant constamment, je n’ai plus jamais eu envie de partir. » Après huit ans de travail de terrain et huit ans sur le modèle topographique du paysage (MTP), elle est responsable de la formation des apprentis en topographie depuis une année et demi. Les années sur le terrain étaient rythmées par les saisons : en été, le travail de terrain et en hiver, la rédaction et l’élaboration de cartes. Puisqu’il existe désormais de très bonnes cartes de la Suisse, les topographes se consacrent principalement à leur mise à jour. « Ici un rocher s’est cassé, là un glacier a reculé, ailleurs un chemin s’est développé », précise la cartographe. Elle s’est longtemps occupée des glaciers. « J’ai été impliquée dans l’élaboration de nombreuses cartes ». Aujourd’hui, moins de choses sont faites à la main qu’auparavant : la plupart des rochers sur les cartes nationales sont certes dessinés à la main, mais ils sont retouchés à l’aide de Photoshop. Pour le MTP, la spécialiste a principalement exploité des prises de vues aériennes depuis son écran. Il s’agit d’un modèle tridimensionnel de la Suisse qui sert de base aux simulations et calculs, mais également à l’élaboration de cartes nationales. Les objets naturels et artificiels du paysage sont répertoriés et il en résulte, pour ainsi dire, une version synthétique de la Suisse. Cela permet notamment de réaliser des simulations pour des installations solaires ou des éoliennes, ou d’évaluer les modifications de la masse glaciaire au fil des ans. L’amour du grand air Le travail actuel de Sandra Greulich lui offre la possibilité de transmettre son expérience aux apprentis. « Depuis les camps Jeunesse et Sport, j’ai su que j’aimerais travailler avec des jeunes », raconte cette passionnée d’alpinisme et de ski de randonnée. Elle forme des géomaticiens avec une spécialisation en cartographie et géoinformatique. Les possibilités offertes par les moyens techniques actuels la fascinent. « Bien sûr, le travail de terrain me

manque. Mais mon taux d’activité à 80 % me permet d’entreprendre chaque semaine des excursions en montagne. » Lorsqu’il fait beau, cette sportive a de la peine à rester à l’intérieur. Où ses promenades dominicales la mènent-elles ? « Je prends le train jusqu’ici, répond-elle en indiquant l’Oberland, et je pars ensuite sur les hauteurs ! » Lorsque ça n’est pas possible, le Gurten, facilement accessible depuis son domicile à Berne, est suffisant. Mais au minimum en VTT. Un programme un peu trop actif ? Ses amis lui ont souvent dit de s’allonger tranquillement dans une chaise longue. Pourtant, pour Sandra, le repos est synonyme de grand air : « Lorsque j’ai besoin de me surpasser, je fais une longue randonnée à ski et lorsque je veux me relaxer, j’en fais une courte. » La beauté d’une carte nationale La fascination du grand air et de la cartographie se reflète dans le projet amateur de Sandra – qui donne d’ailleurs une impression très professionnelle. Depuis 2006, elle a élaboré, en collaboration avec le guide de montagne, biologiste et dessinateur Sacha Wettstein, six cartes détaillées de régions montagneuses du monde entier : l’Aconcagua (Argentine), le Kilimandjaro (Tanzanie), le Cotopaxi (Equateur), l’Elbrouz (Russie), le Pico Turquino (Cuba) et les deux sommets Island Peak et Mera Peak (Népal). Elle a rencontré Sacha lorsqu’elle travaillait comme indépendante. C’est la passion de la cartographie et de l’alpinisme qui les a rapprochés. Et pour qu’ils puissent se répartir le travail, elle lui a appris à dessiner des rochers à la plume et à l’encre. Le courant est passé : aujourd’hui encore, tous les rochers sur les cartes de « climbing-map » sont tracés à la main. Le verso présente, selon la région, des profils d’itinéraires, des topos, des cartes de synthèse et des informations relatives à la faune et la flore. Sandra déplie la carte de Cuba. « Grâce à mon beau-frère et à la pratique de la salsa, j’entretiens un lien particulier avec ce pays – et il n’existait tout simplement pas de bonne carte de la plus haute montagne du pays. » De nombreuses étapes intermédiaires sont nécessaires à l’élaboration d’une « climbing Sandra Greulich a réussi à réunir sa passion et sa profession. map » : une carte de base est d’abord fabriquée à l’aide d’images satellite sur lesquelles on peut voir la végétation, les glaciers, les cours d’eau, etc. Des « minutes de terrain » sont créées à partir de cette carte. Les deux cartographes s’en servent ensuite sur le terrain et dessinent à la main toutes les nouvelles informations. S’en suit un travail minutieux où tous les éléments sont répertoriés et représentés de la façon la plus esthétique possible. Oui, esthétique. « Cette carte est bien trop verte – je préfère celle-là avec les glaciers et les rochers. » Une fois la carte de Cuba mise de côté, un morceau de Caucase est posé sur la table. Les passionnantes histoires au sujet des collines derrière Santiago de Cuba et le Pico Turquino, dans lesquelles les rebelles de Che Guevara et de Fidel Castro se sont cachés durant des mois dans les années 1950, sont déjà loin. Sur Google Maps, ces collines, considérées comme saintes par les Cubains, étaient encore généreusement pixélisées au début du projet des cartes... De précieux contacts Selon la spécialiste, une carte est belle « si l’on peut immédiatement lire le paysage », « si l’on peut se représenter la région en 3D et s’y plonger à l’aide de la carte ». La phase finale est essentielle pour cet aspect esthétique : décider si l’on place l’écriture sur la surface claire ou le long de la vire, si les nuances conviennent, si l’on a tenu compte de la portion de forêt. Sur la carte du Caucase, toutes les désignations sont également en russe : là-bas, les deux cartographes ont rencontré Lisa, une Allemande vivant dans la région de l’Elbrouz. Un coup de chance, car Rencontre au sommet 21

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