Le Medical Camp à 4300 mètres sert de camp de base avancé. Les tentes sont protégées des vents par des murs de neige. BON PLAN 8 monter puis démonter les tentes. Le parcours entre 2100 mètres et le sommet, à 6194 mètres, est long et exigeant. Même le retour avec ses contre-pentes n’est pas donné. Chaque mètre de dénivelé doit être conquis, nous portons tout l’équipement à chaque pas ou le tirons sur une luge. Avec le soleil, arrive un peu de chaleur au bout de la première nuit. Début mai les journées au Denali sont longues, mais les nuits restent très froides. Si froides que les ponts sur les crevasses tiennent encore l’après-midi. Nous pouvons donc attendre confortablement jusqu’à ce que le soleil se lève et rende la montée et la vie au camp plus facile. Départ. Cela ne fait qu’un jour que nous sommes en route, mais le chaos a déjà pris le dessus. Tant de matériel ! Où faut-il le mettre ? Les habits en duvet nécessaires pour la survie ne quitteront jamais leurs propriétaires, le reste doit être chargé sur la luge. En plus de notre équipement personnel et du ravitaillement, nous devons nous répartir le matériel utilisé par le groupe, par exemple les réchauds ou encore les tentes. Il faut non seulement être bien entraîné mais aussi avoir vécu la marche avec une luge de 50 kilos ou plus. Les premiers pas sont difficiles. Après quelques heures déjà, il est évident qu’aucune minute d’entraînement n’a été de trop. Tirer la luge et porter un sac à dos lourd sollicite avant tout le bas du dos, la musculature du ventre et des cuisses. Le soleil tape sur le glacier comme s’il devait faire fondre toute la neige dans la journée. Où est donc le froid mordant que nous attendions ? Lunettes de soleil, chapeau et crème solaire sont maintenant plus importants qu’une veste et un pantalon en duvet. L’étape tire en longueur. Tard dans la soirée, nous nous endormons au camp I, il fait encore jour ! Il s’agit maintenant de reprendre des forces pour le lendemain. Attendre que l’attente prenne fin La marche est méditative et les pensées s’échappent à tout moment en montant au camp II. Des noms tels que « Motorcycle Hill », « Squirrel Hill » et « Windy Corner » font surface. Tous des passages clés aux rumeurs plus ou moins inquiétantes. Nous en avons souvent discuté… et voilà qu’on y est – presque. De fortes rafales de vent nous détiennent. Nous sommes prisonniers de notre tente. Attendre. En plus du défi physique, l’attente est un défi mental de taille en expédition. Notre corps a été drillé pour la performance et maintenant il est condamné à être assis, couché, et à attendre. L’alimentation succincte, les conditions sanitaires modestes, tout y est pour créer un « ras-le-bol général ». Dans l’ensemble ça se passe plutôt bien. Néanmoins, ce jour de repos imprévu rend certains membres de l’expédition nerveux et ils comptent les jours. Aurons-nous le temps d’atteindre le sommet ? Patrick et
Duo : Patrick et Tobias (de g. à d.) avant le retour à la civilisation par avion. Exiguïté intérieure : planifiées ou forcées, les pauses nous obligent à passer beaucoup de temps sous tente. L’espace devient étroit… C’est mieux si on connaît bien son compagnon de tente. moi sommes concentrés sur un des passages clés. Pour l’approche du camp IIl avec nos luges et sacs à dos, le « Motorcycle Hill » s’est montré clément. Mais le reste de l’itinéraire par « Squirrel Hill » et « Windy Corner » s’avère être une torture. Dans ce terrain en dévers, la luge part soit à gauche, soit à droite. En dessous, les crevasses ressemblent à de grandes bouches ouvertes prêtes à nous engloutir en cas de chute. Les muscles des hanches et du torse nous supplient : « on est à la limite ! ». Chaque pas nous fait souffrir. À chaque enjambée supplémentaire, la soi-disant beauté de la nature devient une caricature de plus en plus floue. Au bout d’une marche interminable nous atteignons le camp III. Les hanches en feu, nous creusons des plateformes pour les tentes. Nous allons y rester quelques jours. Depuis le camp II la météo n’est plus aussi stable qu’au début de l’expédition. Les vents du nord acheminent beaucoup d’air froid. Pendant la nuit, les températures tombent à moins 30 degrés sans vent. La journée, il fait « plus chaud » mais le vent rend la situation vite dangereuse pour les parties du corps non protégées. Nous sommes prêts à aller plus haut. Mais après l’hiver les cordes fixes dans le glacier son enneigées. Quelques guides de montagne sont occupés à les libérer. Entretemps, nous nous entraînons à les utiliser et attendons… et attendons. La pression psychologique augmente Le temps passe. Les nombreuses pauses non planifiées usent les nerfs. Je suis soulagé de partager la tente avec mon ami Patrick. Parfois un regard nous suffit pour communiquer. On a l’impression que la tente rétrécit. Dans ce genre de situation, il est important de bien INFOS : DENALI – GÉANT DE GLACE EN ALASKA Avec ses 6194 mètres, le Denali (Mt. McKinley), est le plus haut sommet d’Amérique du Nord et compte donc parmi les Seven Summits. À cause de sa situation géographique, il fait partie des sommets les plus froids du monde. En athapascan le nom « Denali » signifie « Le Grand ». Ce sommet se situe dans le parc national Denali. Le camp de base est généralement atteint en avion. L’accès à pied dure de une à trois semaines. Les ascensions commerciales ne sont possibles qu’avec des organisateurs américains. En Suisse, Kobel & Partner propose des expéditions officielles et guidées. La responsabilité est par contre assurée par l’entreprise partenaire américaine qui met aussi à disposition des guides de montagne. Il est néanmoins possible de faire l’ascension du Denali par ses propres moyens. Contrairement aux expéditions commerciales en Himalaya, au Denali, les alpinistes doivent porter et tirer eux-mêmes leur matériel. S’ajoute à cela la longueur de l’itinéraire : l’expédition est physiquement très exigeante. Ce n’est pas pour rien qu’elle est jugée à peu près aussi difficile qu’une ascension de l’Everest. Pour cette expédition il faut compter environ trois semaines en montagne. Une excellente condition physique et un entraînement adéquat au préalable sont indispensables. Pour leur expédition au Denali, Patrick Stoll et Tobias Keller ont été équipés par Bächli Sports de Montagne et Edelrid. D’AUTRES INFOS www.denali2014.ch; www.kobler-partner.ch BON PLAN 9
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