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Inspiration 02/2015 fr

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avait gardé pour moi.

avait gardé pour moi. Puis un jour, nous sommes rentrés à la maison. C’est alors que le téléphone a sonné : de nouveau deux victimes. Mon père a dû se rhabiller pour repartir dans la nuit avec sa lampe. Les dimanches soir, j’avais toujours peur, et je priais chaque fois qu’il devait partir. Il ne se désistait jamais. Il s’agissait de personnes, et mon père voulait apporter son aide. RENCONTRE AU SOMMET 22 Toujours bienvenu à Berne : l’ancien Conseiller fédéral Adolf Ogi. y a eu de plus en plus de disciplines sportives dans l’alpinisme. Quel est l’objet favori de votre équipement ? Mon piolet. Avant que l’on voie arriver les piolets légers, il n’y avait que le piolet Schild de Kandersteg et le piolet Bhend, de Grindelwald. Je connaissais personnellement les deux fabricants. Et j’ai vu comment on fabriquait un piolet. En montagne, vous avez aussi vécu des expériences intenses en lien avec la mort. À seize ans vous avez aidé à rapatrier un corps. C’était lors du sauvetage de deux frères. L’un d’eux s’était fracassé au fond d’un abîme, nous avons dû le porter pendant quatre heures pour arriver dans la vallée. L’autre a survécu. J’ai beaucoup ruminé là-dessus. Pourquoi est-ce qu’un des frères est mort et pourquoi l’autre a survécu ? Est-ce que c’était un hasard ? Un coup du sort ? J’ai alors réalisé à quel point une jeune vie pouvait être éphémère. La nature nous renvoie toujours à nous-mêmes. Votre oncle aussi, également guide de montagne, a perdu la vie en montagne. Oui et aussi le fils de mon cousin. À la mort de mon oncle, au Breithorn, j’étais encore un petit enfant. Mais naturellement, je me suis rendu compte que ça a beaucoup touché mon père. Gamin j’allais toujours le chercher à la gare après une de ses courses en montagne. Il déposait alors son sac à côté du banc et je recevais un petit peu de lait condensé qu’il Est-ce que la mort fait partie de la montagne ? Elle ne fait pas partie de la montagne elle fait partie de la vie. On ne peut pas accuser les montagnes. Un jour elle vient. On doit l’accepter. En 2009, votre fils est décédé d’un cancer. Avez-vous réussi à accepter une pareille épreuve ? Non, je n’y arriverai jamais. C’est le plus gros traumatisme que l’on puisse vivre comme père et comme mère. Toutes les questions et les recherches sont vaines. J’ai dû me retirer presque deux ans, mon épouse quatre. Maintenant, nous essayons de garder dans nos têtes les plus beaux souvenirs avec Mathias. Hier encore, mon épouse Katrin a retrouvé des dessins de lui. Et nous recevons presque quotidiennement des lettres. Mais nous souhaitons que cela cesse. Il est important maintenant à mes yeux, que mon épouse et moi-même soyons conscients que nous ne sommes pas les seuls à avoir dû vivre la mort d’un enfant. Vous avez souvent offert à des personnes importantes un cristal de roche. Est-ce que vous en avez également un dans la poche ? Naturellement (il déballe un cristal de sa poche). J’y crois. Sa fabrication a nécessité deux millions d’années, je vais en vivre peutêtre 80 ou 90. Ça relativise tout. Je n’ai fait ce cadeau qu’à des personnes que j’apprécie vraiment. George Bush n’en a pas reçu, car il a entrepris la guerre en Irak. Le pape en a reçu un, puis tous les conseillers fédéraux de l’époque. Et naturellement Kofi Annan – que je vais rencontrer tout à l’heure pour manger. INTERVIEW : MIA HOFMANN ET THORSTEN KALETSCH PHOTOS : MANU FRIEDERICH

05:21, ICELAND / Linn Asplund and henrik windstedt in the vapor jacket and vapor shorts #catchmagichour

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