Près de 60'000 fibres de polyamide, dont l'épaisseur ne dépasse pas la moitié d'un cheveu, transforment les falaises en place de jeu pour les grimpeurs. EXPERT 30 patitucciphoto
LIGNE DE VIE Chercher les limites, atteindre de nouveaux sommets, partir à l’aventure : bien assuré, les cordes d’escalade permettent de faire des expériences à la limite du possible. Matthias Schmid, expert en la matière chez Bächli, dévoile ce dont les cordes modernes sont capables et ce qui caractérise la bonne. D’une manière instinctive, notre mental et notre corps s’opposent à certaines situations : aller au-delà du dernier point d’assurage intermédiaire provoque des frissons tout comme le premier pas sur un pont de neige au-dessus d’une crevasse. Voler n’est pas le moyen de locomotion préféré de l’être humain. Pourtant : en escalade sportive, les chutes font partie du pain quotidien. La plupart du temps elles sont bénignes – grâce à près de 60 000 fines fibres. Elles ont la moitié de l’épaisseur d’un cheveu humain et sont tressées étape par étape pour aboutir à une corde finie. Mais quel est le bon modèle ? Le choix est vaste et donc déroutant. « Impossible d’avoir une corde pour tout. Avant l’achat, il faut être au clair sur l’utilisation principale de la nouvelle corde », explique Matthias Schmid, expert en la matière chez Bächli Sports de Montagne. De la corde à simple robuste qui coulisse tous les jours dans les mousquetons d’une salle d’escalade, en passant par les cordes ultralégères qui allègent le sac à dos, aux cordes à double pour les sorties alpines. Tous ces types de corde ont un point commun : leur fonctionnement. « Dynamique », est le mot-clé. Jetons un regard à l’intérieur d’une corde afin de comprendre son comportement : lors d’une chute, une corde d’escalade s’allonge et absorbe de l’énergie. Environ 58 500 filaments en polyamide s’étirent quand la corde se tend. Pris séparément, il est facile de les déchirer à la main, mais ensemble ils sont forts. Nouer les fibres de dix cordes de 70 mètres permettrait de faire une fois le tour du monde. Plusieurs fils sont tordus afin de former un brin. Trois brins sont retordus pour former un filament. Ces spirales engendrent une précontrainte comparable à un ressort. C’est seulement l’étape suivante qui apportera l’élasticité décisive : la matière brute est contractée dans une sorte de marmite à vapeur géante. Température, humidité et pression de l’air font rétrécir les fibres synthétiques comme un pull en laine lavé dans de l’eau beaucoup trop chaude. Les brins se rétractent jusqu’à environ un tiers de leur longueur. « Ce rétrécissement de la matière lui permettra de s’allonger à nouveau », explique Martin Schlemmer, développeur chez Edelrid. Edelrid/Christian Pfanzelt EXPERT 31 Environ 40 fils de gaine sont assemblés par une machine à tisser – c’est l’étape qui donne son aspect final à une corde de montagne.
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