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Inspiration No. 01.2022

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RENCONTRE AU SOMMET

RENCONTRE AU SOMMET BARBARA KELLER Une question de point de vue : les expositions encouragent à adopter de nouvelles positions et perspectives sur les montagnes, notamment dans le cadre du film-collage de 2017 (gauche) ou dans le « Bureau des souvenirs retrouvés », où le public peut contribuer (droite). la lacune financière restante par le biais du soutien de notre communauté. Votre travail a-t-il changé depuis lors ? L’opération de sauvetage était une période difficile. Mais elle s’est aussi avérée utile. La pétition a été signée par 16 000 personnes et des centaines de lettres ont été envoyées au Conseil fédéral. Du point de vue actuel, cela a énormément renforcé le positionnement de notre musée dans la société suisse. Cela fait dix ans que vous êtes directrice adjointe et responsable des expositions du musée. Comment êtesvous parvenue à ancrer le musée dans le temps ? Le nouveau directeur, Beat Hächler, a repris la direction en 2011. À l’époque, le musée se trouvait dans une situation délicate. La question financière n’avait pas été réglée et une réorientation pour l’avenir était nécessaire. Mais cela constituait aussi un bon point de départ pour repartir à zéro et retrousser nos manches. Qu’avez-vous changé ? Nous avons vidé complètement l’exposition permanente présentant la collection depuis le milieu des années 1990. Il s’agissait surtout de reliefs fournissant un aperçu des Alpes, d’un peu de géologie, d’un peu de flore et de faune et d’un peu de culture. Mais l’exposition n’attirait presque plus personne. Notre idée était de changer régulièrement les expositions et de le communiquer vers l’extérieur afin d’attirer un public varié. Nous avons donc tout vidé et instaurer le principe de mettre en place une nouvelle exposition spéciale chaque année. Hormis du point de vue du concept d’exposition, le musée a-t-il luimême aussi changé ? Au rez-de-chaussée, nous avons désormais un bistrot avec terrasse, que nous avons un peu pensé comme une ouverture sur la ville. Derrière se trouve le bivouac, un format où nous présentons trois petites expositions par année sur 100 mètres carrés, toujours en coopération avec les partenaires de notre réseau. Ici, nous traitons des questions qui nous intéressent, mais qui intéressent surtout d’autres institutions telle que des hautes écoles ou des associations. Ce format est très important pour nous, afin de nous permettre d’agrandir constamment et à chaque exposition le cercle des intéressés et des visiteurs et, dans le meilleur des cas, de ne pas les perdre. À l’instar d’un véritable bivouac en montagne, cet espace est aménagé de manière spartiate mais pratique. Une petite boîte maniable que nous pouvons présenter dans des délais très courts et avec des thèmes actuels. Ensuite, nous avons des pièces pour des expositions spéciales au premier et au deuxième étage sur 800 mètres carrés. Nous y présentons actuellement « Let’s talk about mountains », une exposition sur les montagnes de Corée du Nord. Vous avez aussi suivi de nouvelles voies avec le « Bureau des souvenirs retrouvés ». De quoi s’agit-il ? Nous l’avons depuis deux ans, c’est un peu comme un remplacement de l’ancienne exposition permanente. Là, nous pouvons toujours montrer une partie de la collection thématique, par exemple sur le thème du ski dans le premier Bureau des souvenirs ou sur l’exposition actuelle, « Femmes en montagne ». Les femmes étant nettement sous-représentées dans notre collection, le Bureau des souvenirs constitue une fantastique plateforme où les femmes peuvent s’exprimer sur ce qu’elles ont atteint et vécu en montagne. Le Bureau des souvenirs nous permet de créer un échange avec le public. Nous rassemblons des histoires et comblons des lacunes dans notre collection avec l’aide des visiteurs. Comment les gens accueillent-ils la proposition que vous leur faites de participer ? Cela dépend : avec la boîte à film au Bureau des souvenirs, nous invitons les visiteuses et visiteurs à partager avec PHOTO : DAVID SCHWEIZER nous leurs expériences et aventures en montagne dans un genre d’interview. Cela diffère bien sûr d’une personne à l’autre, certains n’ont pas envie de se présenter devant une caméra dans une capsule. Mais si nous abordons les gens au préalable, lors de la planification, et les faisons participer pour ainsi dire en tant qu’experts du quotidien, alors nous enfonçons souvent des portes ouvertes. Avec la préparation adéquate, les gens partagent volontiers leurs souvenirs, même face caméra. Par exemple, si nous allons à la rencontre des femmes et que nous montrons de l’intérêt pour leur performances alpines, cela déclenche chez elles une réflexion active, qui nous est utile pour réaliser une bonne exposition. Je trouve qu’il est essentiel que les alpinistes femmes puissent enfin être correctement représentées. Autrefois, les femmes apparaissaient généralement en public seulement au moment d’apporter les œuvres de leurs maris au musée. Pourtant, elles ont elles-mêmes beaucoup à dire de leurs propres expériences en montagne. Bivouac, Bureau des souvenirs retrouvés et exposition principale – on se sent un peu comme au théâtre avec ses différentes scènes… Oui, c’est exactement ça. Hormis en temps de crise sanitaire, nous organisons aussi 60 à 70 manifestations dans l’année. D’une part, les thèmes des expositions sont repris et approfondis ou font volontairement l’objet de discussions controversées. Mais il y a aussi des manifestations organisées par des tiers, des publications de livres, des concerts qui amènent du public. De plus, nous mettons l’endroit à disposition contre un peu d’argent. Le musée est aussi une plateforme pour des événements culturels sur des thèmes afférents à la montagne au cœur de la ville. Quelle est votre recette pour ce mélange de thèmes qui permet non seulement de remplir le musée avec une collection de souvenirs passionnants, mais aussi d’y insuffler la vie ? Lors de notre nouveau départ il y a dix ans, nous avons focalisé notre attention sur les questions actuelles et futures. Il est évident qu’elles ne peuvent pas être traitées sans jeter aussi un regard en arrière. Le passé joue un rôle, mais pour ce qui a trait aux montagnes, tout tourne autour de questions actuelles et touchant en même temps beaucoup d’autres domaines. Prenons le tourisme, les questions d’identité, l’environnement et la nature, l’architecture et l’aménagement du territoire, l’énergie, la mobilité – il y a tellement d’aspect de la vie qui influencent, d’une manière ou d’une autre, nos relations à la montagne. Le secteur alpin y joue toujours un rôle spécial, si ce n’est un rôle de pionnier... Oui, prenons juste à titre d’illustration les thèmes environnementaux ou l’architecture. Les montagnes peuvent servir à montrer l’exemple en matière de constructions durables. Dans l’architecture de montagne, il y a beaucoup de savoir, de traditions et de projets précurseurs qui ont valeur de modèle et sont orientés vers l’avenir. « Il y a tellement d’aspects de la vie qui influencent, d’une manière ou d’une autre, nos relations à la montagne. » Citons aussi le thème de l’eau. Nous avons réalisé l’exposition « Notre eau » avec une perspective sur l’année 2051. Production d’énergie, réservoirs d’eau, glaciers, modification du tourisme hivernal, fortes précipitations – tous ces thèmes jouent un rôle important en montagne, mais aussi dans les vallées et les villes. Selon quels critères choisissez-vous les thèmes des expositions ? Nous avons beaucoup d’idées pour 48 INSPIRATION 01 / 2022 49

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