UN LIEU À DÉCOUVRIR
UN LIEU À DÉCOUVRIR GSTAAD Si Gstaad est aussi prisée des VIP, c’est probablement parce que les indigènes ne font pas toute une histoire vis-à-vis des célébrités et des gens très riches qui y séjournent. Ils adoptent la même attitude face aux possibilités de ski de rando et de freeride : bien qu’elles foisonnent dans la région, ils ne le crient pas sur les toits… TEXTE GÜNTER KAST AVENTURE DANS UN MONDE PARALLÈLE Gstaad est souvent bien abritée du vent et il n’est pas rare d’y trouver une belle poudreuse bien homogène, comme ici, à la Horetube, au-dessus 12 du Turbachtal. INSPIRATION 04 / 2020 PHOTO : MÁD Un soir de mars au Posthotel Rössli, le plus ancien bâtiment de Gstaad. Dans le séjour rustique, où seules les planches de bois ont été remplacées depuis 1930, entrent six jeunes filles au maquillage parfait, à la tenue parfaite et aux manières parfaites. Le chef Conroy Widmer les salue comme de vieilles connaissances. La jeunesse dorée, murmure-t-il, fréquente l’Institut Le Rosey, une célèbre école privée. Créée en 1880, celle-ci est considérée comme l’un des internats les plus renommés de Suisse. Son siège se trouve à Rolle, au bord du lac Léman, mais, en hiver, les cours sont dispensés dans la dépendance de Gstaad. Pour y être admis, inutile de posséder un QI de 140 ; il suffit d’avoir des parents capables de débourser une somme à six chiffres pour les frais de scolarité annuels. L’internat représente une heureuse coïncidence pour la jet-set internationale : les élèves aiment Gstaad, car ils peuvent aller skier après les cours et faire la fête le soir dans les nombreux bars et restaurants des hôtels de luxe. Les parents aussi allient l’utile à l’agréable, en rendant visite à leurs enfants et rencontrant des partenaires commerciaux, tout en profitant pour skier. Une symbiose parfaite est née ici. Les habitants du Saanenland le comprennent et restent discrets. Quant à leurs hôtes célèbres et fortunés, ils savent apprécier cette retenue. Ici, ils n’ont pas à craindre d’être poursuivis par des paparazzis. Il s’agit d’une communauté de riches discrets, qui n’aiment pas étaler leur vie privée. DISCRÉTION ET PENTES VIERGES Le Rössli héberge aussi un monde parallèle : dans la salle attenante, des séniors célèbrent la soirée de clôture d’une semaine de ski de rando. « Cette semaine est organisée depuis plus de 30 ans », raconte Widmer. « Elle repose sur une longue et belle tradition. » Ce n’est pas le guide de montagne Arnold Hauswirth qui dira le contraire puisqu’il y participe depuis 1987. Pourtant, la liste des sommets à parcourir n’a pas encore été épuisée. Un couple d’Espagnols n’a pas raté une seule saison. Widmer ressent une pointe de jalousie. En tant que chef d’hôtel, il n’a que trop peu l’occasion de sortir ses peaux. Les possibilités de randonnées à ski aux alentours de Gstaad sont pourtant incroyables. Il s’enflamme lorsqu’il évoque les pentes vierges de l’Arpelistock, de la Walliser Wispile et de l’Iffighorn. Il semble donc que Gstaad possède une autre facette, plus authentique ; une facette où le champagne laisse place à des nuages de poudreuse sèche. À y regarder de plus près, il n’est pas surprenant que le Saanenland représente un eldorado pour les fanatiques de ski hors-piste. D’une part, lorsqu’on possède un chalet de mille mètres carrés, on est bien chez soi et on n’a pas forcément envie de sortir par tous les temps sur ou hors des pistes. Les chances de trouver des pentes vierges aux alentours de Gstaad sont donc particulièrement élevées comparativement à des régions de freeride tendances, comme Verbier ou Engelberg. D’autre part, comme l’affirme Michel Hediger, de l’office du tourisme de Gstaad, « chez nous, on trouve des possibilités de ski de rando et de freeride pour tous les niveaux et tous les goûts ». Et il sait de quoi il parle, car, en plus d’être un amoureux de randonnée à ski, il a écrit son travail de Bachelor sur le sujet. « Notre région ne dispose pas uniquement de randonnées exigeantes, mais offre également de nombreuses possibilités aux débutants », confirme-t-il. « Et, grâce aux zones forestières étendues à plus basse altitude, il existe des destinations sûres, même en cas de danger d’avalanche 13
