EXPERT DISPOSITIFS D’ASSURAGE MOBILES TEXTE ALEXANDRA SCHWEIKART SANS LAISSER DE TRACES Équiper soi-même une voie est le summum de l’escalade. Les anglophones parlent d’ailleurs avec raison de « clean climbing », l’escalade propre. Ne pas laisser de trace et se concentrer intensivement sur le rocher et ses structures. Quels sont les dispositifs d’assurage mobiles existants, comment fonctionnent-ils et où doivent-ils être placés : voici un aperçu. ILLUSTRATION : LAURA KLOHN Yosemite Valley. La main s’insère profondément dans la fissure, à peine un coup d’œil : friend jaune ! D’un geste de la main, je retire la petite merveille métallique du baudrier, tire la barrette et glisse la came à sa place. Joyeusement, je m’écrie « ça tient du tonnerre » et continue à progresser petit à petit avec des coincements. Il faut savoir que les dispositifs d’assurage mobiles n’ont pas toujours été aussi sophistiqués. Les premiers dispositifs « mobiles » étaient inspirés de la nature : des pierres tombent dans les fissures et se coincent. À l’époque, il fallait faire un nœud coulant autour de la pierre et s’en servir comme assurage intermédiaire. On enfilait aussi des écrous qu’il s’agissait de coincer dans les plus petites fissures. Dans le Nord du pays de Galles, certains grimpeurs utilisaient même des ustensiles de cuisine, puisqu’aujourd’hui encore on peut admirer une vieille casserole en fer coincée dans une large fissure, dont la poignée se clippe en guise d’assurage intermédiaire. Plus tard, des coins en bois et des sangles nouées ont fait leur apparition. Et peu après, on a commencé à enfoncer des pitons métalliques dans les fissures étroites à l’aide d’un marteau. Dès l’instant où le mouvement de l’escalade libre s’est mis à placer la barre plus haut en matière de difficultés, la demande en dispositifs d’assurage mobiles fiables pouvant être fixés sans outil lourd et dans la position du grimpeur s’est accrue. RÉVOLUTION MÉTALLIQUE Dans les années 1960, se sont présentés les premiers coinceurs carrés en métal massif. Ils ont été rapidement suivis par les « Hexentrics » de Chouinard Equipment (aujourd’hui Black Diamond), plus grands et polygonaux, ainsi que par les « Cogs » de l’entreprise Clogwyn Climbing (aujourd’hui DMM), creux à l’intérieur. Dans les années 1980, Wild Country visa dans le mille avec les « Rocks ». La forme galbée de ces coinceurs tenait même sur trois points de contact dans la fissure. La plupart des coinceurs disponibles actuellement sur le marché ont cette forme. COINCÉ Les coinceurs se calent « passivement » dans les fissures. Autrement dit, ils ne possèdent aucun Brevet US 1976 pour l’« Irregular, polygonal mountaineering chock » d’Yvon Chouinard et Thomas Frost. POUR LES ÉRUDITS CAMALOT, CAM OU FRIEND? Le premier dispositif d’assurage mobile se nommait « friend » et son nom s’est répandu en Europe en partant de la Grande Bretagne. Dès lors, on utilise souvent le terme « friend » en Europe pour désigner tous les dispositifs assurages mobiles actifs. Aux États-Unis le terme « Camalot » s’est imposé pour ce genre d’articles. Tout le monde s’accorde en revanche sur l’emploi du diminutif « Cam » (pour : « camming device »). BAGUE OU SANGLE RALLONGEABLE Certains dispositifs d’assurage mobiles sont pourvus d’une bague en métal revêtue de caoutchouc, dans laquelle il est possible de s’auto-assurer. C’est surtout utile en artif : une telle formule permet de mousquetonner la sangle d’auto-assurage dans la bague du friend posé avant de placer ensuite le prochain friend le plus haut possible et ainsi de suite. En escalade libre il est particulièrement important que le friend reste là où il a été posé. Les friends avec sangle rallongeable intégrée sont donc particulièrement intéressants (p. ex. Wild Country Friend, DMM Dragon Cam). Cette conception économise du matériel et du poids. Pour les dispositifs sans sangle rallongeable, il est d’usage répandu de recourir à une dégaine qu’il faut bien sûr porter au baudrier. INSPIRATION 02 / 2022 19
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