Rencontre au sommet Alexander MegosThema Rubrik« Je n’aipas du tout envied’arrêter. »Le grimpeur Alexander Megos nous parle de son faux-pas aux JO, de l’importancedes genouillères et nous explique pourquoi les générations futures de grimpeurs nepourront plus avoir du succès à la fois en rocher et sur les prises artifi cielles.Interview Thomas EbertUne élimination amère en demi-finale auxJeux olympiques de Paris, puis une bellevictoire à Flatanger, en Norvège – ton annéede grimpe 2024 a un peu joué les montagnesrusses, non ?Oui effectivement. Je me suis rendu à Parisavec beaucoup d'impatience. Par rapportaux Jeux de Tokyo en 2021 il y avait desspectateurs cette fois, et en termes de déplacementsc’était sacrément moins loin.J'ai commencé les compétitions avec beaucoupde motivation, mais j'ai assez vite étééliminé en raison d’un pied qui a glissé dansl’épreuve de difficulté.Après ta 15 e place en demi-finale de bloc, tudevais gagner du terrain en épreuves de difficultépour pouvoir accéder à la finale deshuit meilleurs. Ton pied gauche a glissé assezau début de la voie alors que tout semblaitencore sous contrôle. Comment as-tuanalysé cette erreur ? Imprudence, sur-motivation,manque de concentration ?J'aimerais bien savoir ce que c'était. Toutse déroulait comme prévu et les sensationsétaient bonnes – et tout à coup c'est commesi quelqu'un avait soulevé le mur devant monvisage. Bien sûr, j'aurais peut-être pu et dûprendre plus de temps. Mais l'escalade est38toujours un peu un jeu de poker – si je grimpeplus lentement, plus précisément, en visantbeaucoup plus la sécurité, je manquerais deforce plus haut dans la voie. Après le bloc,ma devise était très claire : si je veux aller enfinale, je dois vraiment accélérer difficulté etgrimper vraiment très haut. J'ai délibérémentpris plus de risques. Parfois, ça arrive.Tu as poussé un cri de déception après tachute et tu as quitté le site sans faire de déclaration.La déception était déjà profonde,n'est-ce pas ?Bien sûr, je savais que ça s’était mal passé.Je n'ai pas ressenti le besoin de racontercinq minutes plus tard comment je me sentais,car bien évidemment je me sentais mal.Plutôt que de dire quelque chose de stupide,je préfère ne rien dire du tout.Comment as-tu géré cette déception ?Cela m'a fait de la peine pendant un mois,au moins. La Norvège a certainement aidé àdigérer l’évènement. Travailler pendant unan en vue des Jeux Olympiques, s’abstenirde faire de voies difficiles en falaise, pour finalementrater la plus grande compétition,c'est comme si j’avais gaspillé un an. Mais jepeux gérer et je suis toujours en vie.Avant de te tourner vers la Norvège, il yavait ton anniversaire juste après les JeuxOlympiques. L’as-tu fêté à Paris ?Non, je l'ai fêté de manière très classiqueavec ma famille. Je suis rentré chez moi assezrapidement après les compétitions. J'enavais tout simplement marre, je voulais rentrerchez moi et m'entraîner tranquillement,sans être interpellé dans chaque salle.Tu as eu 31 ans en août. Dans le commentaireen direct des compétitions olympiquesà Paris, il était constamment question dedeux générations de grimpeurs qui s'affrontaient: Adam Ondra, Jakob Schubert, AlexMegos d'un côté...… et tout le reste de l’autre côté !Comment le perçois-tu ? Est-ce que c'est untruc de génération ?En compétition, on ne se rend pas aussi clairementcompte que nous sommes d'un côtéet le reste de l'autre. Mais oui, les jeunes ontvraiment un tout autre style d'escalade, surtouten bloc. Et quand on compare les voieset les blocs d'aujourd'hui avec ceux de mespremières compétitions, c'est une différencegigantesque. Les plus jeunes peuvent difficilements'imaginer cela – rien qu’au niveauPhoto : Jürg BuschorAvec ses mains, son cœur et soncerveau : Alexander Megos seconsidère comme le représentantd'une génération qui est sansdoute l'une des dernières à s'êtreillustrée au plus haut niveau39à lafois en falaise et en compétition.
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