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Inspriation no 01-2025

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Rencontre au sommet

Rencontre au sommet Alexander Megos‹1› Megos s’est présentéaux Jeux olympiques de2024 à paris en pleineforme et mentalement bienreposé...‹ 2 › ... avant de vivre unegrosse frustration suiteà un pied qui zipe dansla partie inférieure de lademi-finale de difficulté.« Je ne suis pas arrivé dansla grotte en colère et avec pourobjectif d’oublier Paris. »Parce que le temps est limité. Or, il faut investirbeaucoup de temps pour décrocher untitre olympique ou pour grimper un 9c. Lesdeux ne sont pas possibles simultanément.En outre, je serais très surpris qu'Anraku Soratos'envole pour l'Espagne hors-saison decompétition pour grimper du 9b+, même s'ilen a probablement le niveau. Ce sport devientde plus en plus professionnel. Quand j'avaisl'âge de Sorato aujourd'hui, ou de Toby Roberts,qui a remporté la médaille d'or à Paris,nous sommes partis à cinq en Espagne, nousvivions sous tente et cuisinions chaque jourdes pâtes à la sauce tomate. L'essentiel, c’étaitque ce soit bon marché. C’est à cette époque,que j'ai réussi mon premier 9a onsight avec« Estado critico ». Avec la meilleure volontédu monde, je ne peux pas m'imaginerqu'aujourd'hui quelqu'un arrive du Japon enEurope avec un petit budget, qu'il vive soustente et qu'il réussisse ensuite à faire de bonsrésultats en Coupe du monde. Un tel objectifn'existait tout simplement pas à l'époque. Audesprises utilisées ! Il faut rendre hommageà Jakob Schubert pour avoir été présentaussi longtemps. Au cours de sa carrière,les styles ont probablement changé dix fois,de se cramponner comme un forcené auxprises jusqu’aux immenses jetés qu’on peutvoir de nos jours.Dans ton podcast, tu t'es montré un peu agacépar la discussion autour de ton âge.Le côté « vieux contre jeune » ne me dérangepas. Ce qui l'est plus, c'est quand les gensdéclarent que maintenant que tu as 30 ou 31ans il serait temps de faire quelque chose devrai dans ta vie ! Quand je ne m'entraîne pas,que je ne participe pas à des compétitionsou que je n'essaie pas de grimper des voiesdifficiles, j'enregistre peut-être une vidéo ouun podcast. Ce quotidien est très différent decelui d'un trentenaire moyen.Le sport professionnel est toujours un modede vie particulier.Exactement. Je ne suis certainement pasun sportif qui s'accroche à sa carrière avecacharnement – mais considérer la trentainecomme un tournant et abandonner le sportprofessionnel est à mon avis une bêtise. C'estjustement à 30 ans que l'expérience joue ennotre faveur. Physiquement, nous avons certainementun niveau similaire à celui d'il y adix ans, mais nous sommes bien plus à mêmed'atteindre les performances les plus élevéesen compétition. En ce moment, je n'ai pas dutout envie d'arrêter, c'est maintenant que çadevient vraiment intéressant.Partons en Norvège. Moins de deux semainesaprès ton élimination aux Jeux Olympiques,tu as répété la voie « Change » 9b+, l'une desplus difficiles au monde, en seulement cinqjours. Y avait-il de la colère en jeu ?Non. La Norvège était déjà prévue avant lesJeux Olympiques, cela n'a rien à voir avec lesrésultats en compétition. J'étais simplementen très bonne forme. Je n'étais pas en colèredans la grotte pour oublier Paris. J'étais toutsimplement heureux d'être à nouveau sur lerocher, c'était plus de la joie que de la colère.À Flatanger, les voies sont aussi très longues,on a souvent une seule tentative par jour. Onne s'y engage pas simplement par colère.À quoi ressemblaient tes journées ?J'aborde toujours les choses de manière assezstructurée. « Change » est une voie très‹1›longue, presque 50 mètres. Si l'on investitdu temps au préalable et que l'on trouveles meilleures solutions pour soi-même, onpeut s'épargner de nombreuses tentativeset se concentrer sur quelques passages oùl'on pourrait potentiellement tomber. On lesexamine ensuite attentivement. J'ai passéquatre jours à répéter les passages clés, àregarder les prises et les séquences. Le cinquièmejour, j'ai eu pour la première fois l'impressionqu'un enchaînement pourrait fonctionnersi tout se passait vraiment, vraimentbien. Et puis ça a tout de suite marché, ce quiétait bien sûr très réjouissant.Tu as utilisé des genouillères pour cette ascension.Quelle est leur utilité ? Sont-ellesaussi utiles que la magnésie ?Les genouillères ne seront certainementjamais aussi précieuses que la magnésie.Si je devais choisir, je choisirais toujours lamagnésie. Cela dépend aussi beaucoup de lamanière dont on peut les utiliser. J'en avaisdéjà utilisé, mais je ne m'y suis vraiment intéresséqu'en Norvège. Mon niveau avec lesgenouillères était donc encore très faible.J'ai pu désamorcer le crux inférieur de lavoie avec le coincement de genou que Stefano(Ghisolfi, réd.) a trouvé grâce aux genouillères.Pour la partie supérieure, j'auraisen fait pu les enlever.Photos : Nakajima Kazushige/IFSC, Mickael ChavetMais pour ce style de l’ascension elles sontfinalement pertinentes ?Absolument, je pense qu'on devrait toujoursl'indiquer. Après « Change », j'ai aussi grimpé« Move » (9b). Il y avait beaucoup de coincementsdu genou, et grâce aux genouillères j'aipu m’y reposer, et surtout mieux m’y reposerparce que ça faisait moins mal. Je suis ainsiarrivé plus frais au crux. Ce passage clé seraitcertainement un demi-degré plus difficilesans les genouillères. Dans « Change », lespads ont sans doute fait baisser la difficultéd'un demi-degré pour moi, car le passage cléest désamorcé par ce coincement du genou,mais tout le reste était quasiment identique.À propos de la difficulté : comment cela fonctionne-t-illorsque quelqu'un de l'élite mondialeincroyablement peu nombreuse revoitla cotation d’une voie à la baisse – commecela s'est produit lors de ta première ascensionde « Bibliographie », à laquelle tu as attribuéun 9c en 2020 ?C'est simplement basé sur l'honnêteté, nousnous connaissons tous. Il n'y a pas de code,pas de règles, mais bien sûr, on se parleavant. C'est ce qu'a fait Stefano Ghisolfi pour« Bibliographie » : « Alex, j'ai trouvé là une variantequi est, je crois, 9b+ pour moi ». Entretemps,trois autres grimpeurs ont refait lavoie et tous ont choisi sa variante, donc ildoit bien y avoir quelque chose de vrai. D'ailleurs,je pense aussi qu'il est difficile d'évaluerles cotations quand on est en pleineforme. On a alors tendance à revoir la cotationvers le bas parce que les passages cléssemblaient moins difficiles. Jakob Schuberttrouve certaines voies relativement facilesparce qu'il est le meilleur au monde dansce style – lorsqu'il revoit la cotation vers lebas, il ne pense certainement pas mal faire.Quand on grimpe au plus haut niveau, il fautêtre au-dessus de ça.Est-ce qu’un 10a pointe le bout du nez ?D’abord il y a le 9c+. J'y vois des options devoies, mais je ne connais personne qui seraitcapable de les grimper dans un avenirproche. Nous sommes certainement encore‹2›à 50 ans du 10a. J'en ai déjà discuté avec Stefano: un 10a serait certainement réalisableà Flatanger. On n'aurait pas besoin de chercherindéfiniment : le relais de « Silence »(9c) est très proche de l'endroit où « Move »devient difficile. La conclusion logique seraitdonc de continuer à grimper dans « Move »,et à partir du relais de « Move », il y a encoreune deuxième longueur qui est aussi cotée9a+. Si tu combines tout cela, tu es au moinsau 10a, si ce n'est plus. Toutes les sectionsont déjà été escaladées, mais je pense quepersonne ne viendra essayer de les enchaînerdans les 20 prochaines années.La jeune génération des JO, dont nous parlionsavant, n'a pas d'ambition à ce niveau ?Jakob Schubert, Adam Ondra et moi-mêmenous nous distinguons certainement par lefait que notre génération est l'une des dernièresà avoir performé au plus haut niveaumondial, tant en compétition qu'en falaise.Qu'est-ce qui te permet d’en être aussi sûr ?Alexander MegosAlexander Megos est né le 12 août 1993à Erlangen, en Franconie. Depuis 2006, ilparticipe activement à des compétitionsd'escalade, et en 2007, il grimpe sonpremier 8a. En 2009, il fait ses débuts enCoupe du monde d'escalade, remportetoutes les compétitions individuellesde l'année dans le cadre de l'EuropeanYouth Cup et devient champion d'Europechez les juniors. En 2013, il est le premiergrimpeur à réussir une ascension à vueen 9a en venant à bout de la voie « EstadoCritico ». En 2014, il gravit avec RogerSchäli la voie « Fly » (8c) de 550 mètresà la Staldeflue près de Lauterbrunnen.En 2017, il devient vice-champion d'Europede bloc et monte ensuite trois foissur le podium des championnats dumonde d'escalade en difficulté. En 2018,il réussit la première ascension du projetde Chris Sharma « Perfecto Mundo »(9b+), et en 2020, il ajoute un demi-degrépour son succès dans « Bibliographie »à Ceüse, dont la cotation sera toutefoisrevue à la baisse par la suite. En 2018, ilremporte sa première et unique Coupedu monde en difficulté à Briançon etse qualifie pour les Jeux olympiquesde Tokyo, où il se classe 9 e . Aux JO deParis, il se classe 13 e et répète ensuiteles voies d’Adam Ondra« Change » et « Move » à Flatanger(Norvège).4041

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